Je suis une épouse, une mère, mais je ne me sens plus femme
Revenons quelques mois en arrière ; un vent de renouveau a soufflé dans mon couple. Nous avons décidé de quitter le confort de notre vie en région parisienne : vendu notre maison, les voitures, une grande partie de nos meubles, changé de jobs tous les deux, crée une société, et notre fils ainé a pris son envol. Nous nous sommes installés en location à Paris dans un appartement de la moitié de la surface de notre maison avec notre cadet. Le balcon a remplacé le jardin. Nos proches, nos amis nous ont traités de fous alors qu’un gros sentiment de légèreté au contraire m’envahissait. Nous emménagions dans un appartement plus petit mais tellement plus d’échanges entre nous et notre fils, des sorties, des restaus à l’improviste, des rencontres avec de nouvelles personnes, des commerçants à portée de main à tout heure, le métro, le bus, nos vélos pour nous déplacer. Moi si organisée et bien j’ai lâché du lest, mon côté bohème a pris le dessus, je me suis laissée porter. Le sentiment de me remettre à vivre.
Malgré tout derrière cette façade angélique que je vous décris j’étais rongée par un manque depuis plusieurs années que j’essayais, avec plus ou moins de succès, d’étouffer : « a skin hunger » littéralement la « faim de la peau » qui se traduisait par une privation d’affection physique et donc un manque de sexe de la part de mon mari. En plus de ne pas être tactile, son désir pour moi avait nettement diminué alors que moi je rêvais d’être prise dans les bras, caressée. Je rêvais de quickie contre un mur (ce rapport sexuel rapide, spontané, qui répond à un besoin impérieux), de fantaisie, d’impulsivité, de baisers fougueux sous des portes cochères, de vêtements arrachés laissés par terre…. Cette faim non assouvie m’a poussée à maltraiter mon corps, j’ai compensé par de la nourriture, je grossissais, j’avais une image négative de mon corps, une mauvaise estime de moi. Je somatisais, j’avais mal au dos, j’ai multiplié les séances de kiné, d’osthéopathe, et même passé une IRM mais en vain……Nous avons maintes fois parlé de mon insatisfaction mais soit mon mari se braquait soit sa réponse était « prends un amant ». Je lui en voulais de se débarrasser ainsi du problème. Et cette idée était totalement inconcevable car c’est de lui dont j’avais envie et non d’un autre.
La décision
Je savais que mon mari avait eu des aventures et j’ai glissé dessus. Je ne pense pas qu’il ait su que je savais. Nous les femmes avons l’instinct pour ces choses-là et les hommes laissent malgré tout des indices….. Pourquoi je ne lui en ai pas parlé me direz-vous ? Pourquoi ai-je accepté ? Pourquoi suis-je restée avec lui ? Toutes ces questions je me les suis posées bien sûr. En fait qu’il ait des aventures ne me dérangeait pas en soi car elles ne venaient pas perturber la vie de famille et puis nous avions une jolie vie (une jolie maison, des voyages, un confort financier). Divorcer pour une histoire de cul ne me semblait pas une raison. Et puis je n’aime pas les conflits et lui je l’aimais… Par contre je lui en voulais de donner à d’autres femmes ce qu’il ne voulait pas me donner.
Cette année-là nous sommes partis en vacances avec des amis. Mon mari recevait à toute heure des messages, il passait plus de temps que d’habitude à pianoter sur son téléphone, il était ailleurs. Bien évidemment une alerte s’est déclenchée en moi et il m’est revenu en tête une trace de son infidélité découverte quelques mois avant mais prise dans la préparation de notre déménagement j’avais surfé dessus. Là, ce soir, l’envie de voir, savoir est devenu trop forte et l’a emportée sur la raison et le respect de la vie privée de l’autre. J’ai fait ce qu’il ne faut pas faire : alors qu’il était avec nos amis et qu’il avait laissé son téléphone à charger en haut dans la chambre, j’ai longtemps hésité mais … j’ai regardé dedans : des centaines de messages, de sextos (textes ou photographies sexuellement explicites) qui remontaient en arrière sur plusieurs mois. Un choc dans le plexus, des larmes me sont montées aux yeux mais également un soulagement : j’étais prête pour enfin crever l’abcès au risque cette fois ci que ça passe ou ça casse. Je ne pouvais pas continuer à être aussi mal, alors, j’ai séché mes larmes, je suis allée le rejoindre en bas, je lui ai demandé de venir avec moi nous promener jusqu’à la plage et j’ai vidé mon sac : mon mal être, ma frustration, le sentiment de ne plus être une femme et je lui ai demandé s’il me désirait toujours. Sa réponse a été catégorique et je l’ai reçu comme un coup de poing : NON. Il m’a alors proposé deux solutions pour notre couple à savoir : soit je n’acceptais pas cette situation et nous divorcions soit au contraire je l’acceptais et pour pallier à ce manque de sexe je prenais un amant. Comment auriez-vous réagi ? Moi j’ai pris 2 jours de réflexion. A ce terme je lui ai fait part de mon souhait de conserver notre complicité et notre vie de famille et de prendre un amant. Pourquoi maintenant ? L’âge sans doute. Le sentiment de réaliser que c’était maintenant ou jamais et que je ne voulais pas finir ma vie sans ressentir de nouveau les premiers émois d’une rencontre, la spontanéité, arracher des vêtements, embrasser à pleine bouche, baiser quoi…Et à cet instant j’avais très envie de le vivre et vite maintenant que je l’avais décidé. Le reste de nos vacances a été à la hauteur de notre complicité et plein d’imprévus. Nos meilleures vacances depuis bien longtemps d’ailleurs. Mon cœur était plus léger et notre complicité renforcée.